
Dans mon dernier article, je vous expliquais ce qu’est la conscience phonologique et pourquoi cette habileté est essentielle à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture pour les enfants. Vous pouvez trouver cet article juste ici. Voici maintenant mes trucs et activités d’orthophoniste pour travailler les différents aspects de la conscience phonologique, tout en jouant avec les enfants.
Petite précision avant de vous lancer dans la rime, la syllabe et le phonème (son)… On parle ici de suggestions d’activités de conscience phonologique à faire à l’oral et non pas à l’écrit. Entre autre parce que l’utilisation de lettres peut être mélangeante pour les enfants lorsqu’on joue avec les syllabes et les sons, car certains sons contiennent deux ou trois lettres et certains mots contiennent des lettres muettes. Et de toute façon, la conversion graphème-phonème (le lien entre le son et les lettres) se travaillera plus tard à l’école.
Maintenant que nous sommes sur la même longueur d’ondes, parlons d’activités de conscience phonologique.
Les rimes
La reconnaissance des rimes est probablement l’habileté la plus travaillée parce qu’elle est généralement la plus connue. C’est la première habileté à développer avec vos tout-petits, et ce, dès l’âge de trois ans. Pour ce faire, vous pouvez nommer à l’enfant que les mots sonnent de la même manière ou se terminent par le même son. De nombreux livres et comptines pour enfants contiennent des rimes, le choix ne manque pas!
Les syllabes
Lorsqu’on parle de syllabes à l’oral on doit éviter d’utiliser nos yeux de lecteurs pour séparer les mots. Cela veut donc dire par exemple que dans le mot pa-tate on compte 2 syllabes et non pas 3, dans pan-ta-lon on en compte 3, dans mar-teau on en compte 2, dans cas-quette on en compte 2, etc.
Conseil d’orthophoniste: Si vous ne savez pas combien de syllabes comprend un mot ou comment le séparer adéquatement à l’oral, évitez-le tout simplement.
La segmentation consiste à séparer les mots en syllabes et la fusion à assembler les syllabes pour former un mot. La manipulation et l’utilisation de support visuel aident grandement à comprendre ces concepts et permettent à l’enfant de réaliser qu’il a oublié ou ajouté une syllabe.
La première étape consiste à compter le nombre de syllabes. Pour se faire, on peut nommer les syllabes comme « les parties du mot » et demander aux enfants de taper dans leur main ou sur leur bras pour les compter. On en profite pour nommer qu’il y a des mots courts avec une ou deux parties et des mots plus longs.
Pour compter et nommer les syllabes, vous pouvez aussi placer des cerceaux par terre et demander à l’enfant de sauter dans un cerceau pour chaque syllabe. Placez le nombre exact de cerceaux nécessaires pour le mot travaillé. Vous pouvez aussi faire la même chose en utilisant de grands cercles que vous placez sur la table en demandant à l’enfant de pointer un cercle pour chaque syllabe. Lorsque l’enfant peut les compter, il peut habituellement aussi les nommer.
Vous trouverez ci-bas, 2 suggestions très chouettes pour travailler la segmentation et la fusion de syllabes, soient le livre « Drôles de z’animaux à toucher” et le jeu « Magnetic’s crazy animals ». Dans les deux cas, vous y trouverez des animaux comportant deux ou trois parties. Vous pourrez alors mélanger les parties des animaux en tournant les pages ou en collant les aimants pour former un animal loufoque. Vous n’aurez ensuite qu’à lui inventer un nouveau nom en combinant les syllabes des noms des animaux (Ex. “tigre+lapin devient tipin” ou “crocodile + girafe+phoque devient crogipho”). Cette activité demande donc de segmenter le nom des animaux en syllabes et ensuite de les fusionner pour former le nouveau nom.
Les phonèmes (sons)
Lorsque l’enfant comprend bien le principe des syllabes, vous pouvez aussi travailler les unités sonores plus petites, soient les phonèmes. À noter toutefois que rien ne presse comme cette habileté est généralement exploitée à la maternelle.
Vous pouvez utiliser des Méga Block ou des Legos (bloc triple, double et simple) comme support visuel. Les blocs triples et doubles représentent les syllabes et les blocs simples représentent les phonèmes. Placer en dessous les plus grands blocs et par-dessus les unités. Par exemple, pour segmenter le mot serpent, utilisez un bloc triple (ser), un bloc double (pen) pour le séparer en syllabes, ou encore cinq blocs uniques (s-è-r-p-en) pour le séparer en phonèmes.
Un truc pour bien entendre tous les sons dans le mot est de la prononcer lentement, en étirant chaque son. J’utilise souvent l’image d’un élastique pour dire aux enfants qu’ils doivent étirer le mot pour bien entendre tous les sons. Vous pouvez utiliser les mêmes jeux (cerceaux, grands cercles) pour travailler la segmentation en phonèmes. Si certains sons sont oubliés ou ajoutés, dites à l’enfant ce qu’il a produit. Par exemple, si le mot « trace » devient « t-a-s », montrez le cercle ou le cerceau vide et dites-lui que vous entendez « tas » et qu’il manque un son. Pour travailler la fusion, prenez un tour dans le jeu et nommez les sons en utilisant les mêmes supports visuels. L’enfant devra alors deviner le mot que vous avez choisi en assemblant tous les sons entendus.
Si vous êtes plus nombreux, vous pouvez associer un son à chaque personne. Ensuite, tout le monde doit se placer en ordre pour former le mot. Vous pouvez utiliser l’image d’un train pour les plus jeunes, chaque phonème représentant un wagon du train.
Des jeux et livres spécialisés en conscience phonologique
Il est donc possible de travailler la conscience phonologique des enfants facilement, en jouant et avec très peu de matériel. Si vous avez des inquiétudes ou si l’enfant avec qui vous travailler a beaucoup de difficultés à faire ce type d’activité, n’hésitez pas à consulter une orthophoniste. Finalement, voici une sélection de jeux et de livres spécialisés, pour ceux qui voudraient aller plus loin ou qui veulent du matériel clé en main!
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