
Les inférences… Lire entre les lignes… ça vous dit quelque chose ? Comme orthophoniste, je vous confirme qu’elles font souvent partie des objectifs langagiers à travailler avec les enfants qui ont besoin de soutien pour développer leur langage. Dans cet article, je vous donnerai une brève définition et je vous présenterai différents types d’inférences. Je vous expliquerai aussi pourquoi les inférences sont si importantes à développer dès le plus jeune âge.
Une inférence, c’est quoi ?
Faire une inférence, c’est comprendre et déduire l’ensemble d’un message (à l’oral ou à l’écrit) alors que l’information n’est pas donnée entièrement ou explicitement. En d’autres mots, faire une inférence, c’est être capable de lire entre les lignes. Par exemple, si vous dîtes à votre enfant « peux-tu mettre ta bavette s’il te plaît ? », l’enfant devrait inférer que c’est l’heure du repas, même si cela n’a pas été clairement mentionné.
On arrive à faire des inférences grâce à divers processus, dont le raisonnement, l’activation de nos connaissances antérieures, notre connaissance du vocabulaire et notre capacité à faire des liens entre les informations reçues.
La capacité à comprendre les inférences à l’oral et ensuite à l’écrit débute chez l’enfant d’âge préscolaire. En effet, des études révèlent que des enfants de quatre ans peuvent faire des inférences simples (ex : déduire les émotions d’un personnage) lors de la lecture à voix haute par l’adulte. Cependant, à cet âge, les enfants n’arrivent pas encore à faire des inférences par eux-mêmes et ils ont besoin du soutien de l’adulte. Enfin, le développement des habiletés inférentielles se poursuit jusqu’à l’âge adulte, suivant un niveau de complexité toujours grandissant.
Les différents types d’inférences
- Il existe différents types d’inférences. Afin de ne pas trop se perdre dans la terminologie, voici seulement quelques inférences importantes à développer chez les enfants et les adolescents.
- Les inférences de lieu permettent de déduire l’endroit où se déroule une situation. Par exemple : « Quand la cloche sonne, les élèves vont à la récréation », on infère que l’action se passe à l’école.
- Les inférences de temps permettent de déduire le moment d’une situation. Par exemple : « Alors que je dormais paisiblement, le coq se mit à chanter et me réveilla », on infère que c’est le matin.
- Les inférences d’agent permettent de déduire qui fait une action. Par exemple : « Avec sa craie, il a écrit le plan de cours sur le tableau », on infère que la personne est un professeur.
- Les inférences d’action permettent de déduire les actions d’un personnage. Par exemple : « Avec la rondelle, Martine patine vers le but », on infère que Martine joue au hockey.
- Les inférences de but permettent de déduire le but ou l’intention d’un personnage. Par exemple : « Elle déposa une assiette, une fourchette et un couteau sur la table de la cuisine », on infère que le personnage veut manger.
- Les inférences de cause permettent de déduire la cause ou la raison d’un évènement ou d’une situation. Par exemple : « Les feuilles de ma plante verte sont fanées », on infère que la plante manque d’eau.
- Les inférences de prédiction permettent defaire une hypothèse sur la suite d’une situation ou d’une histoire. Par exemple : « La cuillère tomba par terre », on infère que le personnage va se pencher pour la ramasser.
- Les inférences de problème permettent de comprendre quel est le problème dans une situation décrite. Par exemple : « Rapidement, le père se plaça derrière la fillette pour procéder à la manœuvre d’Heimlich », on infère que la fillette s’étouffe.
- Les inférences de solution permettent de comprendre la solution à un problème. Par exemple : « Une épaisse fumée s’échappa du moteur et un symbole rouge apparut dans le tableau de bord de la voiture », on infère que le conducteur se rendra au garage pour faire réparer sa voiture.
- Les inférences de sentiment permettent de comprendre les émotions d’un personnage. Par exemple : « Lorsque l’orage commença, le garçon alla se cacher sous son lit », on infère que le personnage est inquiet ou apeuré.
- Les inférences d’anaphore permettent de comprendre le lien entre un mot de substitution et son référent. Par exemple : « Comme Antonin a gagné le concours de dessin, il a reçu un prix », on infère que le pronom personnel « il » fait référence à « Antonin ».
- Les inférences lexicales permettent de déduire le sens d’un mot inconnu ou peu familier. Par exemple : « Comme la pomme avait encore son pédoncule, j’ai tiré pour l’arracher » on infère que le pédoncule est une sorte de tige ou de queue.
Pourquoi les inférences sont-elles si importantes ?
Faire des inférences à l’oral, et plus tard à l’écrit est une habileté essentielle pour favoriser les apprentissages scolaires et la compréhension écrite. Les jeunes qui n’arrivent pas à comprendre les inférences sont plus à risque de présenter des difficultés d’apprentissage tout le long de leur parcours scolaire. Il est donc important que les enfants développent leurs habiletés inférentielles le plus tôt possible.
Et maintenant ?
Vous vous demandez comment stimuler le développement des inférences chez vos enfants? Surveillez mon prochain article… il portera sur des trucs et des idées d’activités pour améliorer la compréhension des inférences !
Auteure : Marie-Claude, Orthophoniste.
Références
Lefebvre, P., Bruneau, J. & Desmarais, C. (2012). Analyse conceptuelle de la compréhension inférentielle en petite enfance à partir d’une recension des modèles théoriques. Revue des sciences de l’éducation, 38 (3), 533–553.
Archambault, M.C., Maxès-Fournier, C., & Desmarais, C. (2013). Comment utiliser les livres pour stimuler la compréhension du langage chez les enfants de 3 à 6 ans. Institut de réadaptation en déficience physique de Québec (IRDPQ).
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